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Roman

«Le Jardin sur la mer» de Mercè Rodoreda, heures d’été 

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Le cahier Livres de Libédossier
Dans un roman inédit en français, écrit dans les années 60, l’autrice catalane raconte, sous forme de monologue, les six étés d’un jardinier observant les propriétaires de la maison dont il entretient le terrain.
L'autrice catalane Mercè Rodoreda. (Fondation Merce Rodoreda)
publié le 10 janvier 2025 à 13h37

Les éditions Zulma ont l’heureuse idée de commencer l’année avec un roman inédit en français de Mercè Rodoreda (1908-1983). Le Jardin sur la mer, comme la Place du diamant, son chef-d’œuvre, comme Rue des Camélias (que Zulma va republier) a été écrit dans les années 60 à Genève, où la Catalane est arrivée en 1954 avec son compagnon, l’homme de lettres Joan Prat, dont le poste à l’Unesco fournit des revenus confortables. Genève succède à Paris, où ils sont rentrés après avoir passé la guerre à Limoges puis Bordeaux.

«Je sortais d’un de ces voyages au bout de la nuit, pendant lesquels l’acte d’écrire apparaît comme une occupation épouvantablement frivole», explique-t-elle à l’écrivain Baltasar Porcel dans un entretien de 1966 cité par le traducteur Bernard Lesfargues dans sa préface à la Place du diamant (Gallimard). Elle écrit quelques contes, n’est pas en forme au début des années 50. «Je n’aurais pas pu écrire de roman, m’eût-on rouée de coups. Je pouvais coudre – j’en vivais –, faire tout le travail de la maison, n’importe quoi sauf écrire.» En Suisse, Mercè Rodoreda commence par peindre. Puis Joan Prat est amené à travailler à Vienne, où il s’installe en 1960 et où il meurt dix ans plus tard. Il faut bien s’occuper. Rodoreda décide de devenir la grande