La Promesse de l’aube a toujours trôné sur la table de nuit de la mère d’Agata Tuszyńska. Petite, elle la regardait pleurer, sans vraiment en saisir la raison. C’est seulement à la majorité qu’elle comprit : Romain Gary était un conteur. La Promesse de l’aube, son histoire, celle d’une enfant «juive polonaise» qui a grandi à Varsovie. «J’ai découvert la judéité de Gary et de ma famille grâce à ce roman. Quand je marche dans les rues de Varsovie, je vois mes proches et les morts de l’autre côté du mur», dit-elle de passage à Paris en septembre à Libération. Lire réveille les mémoires. Ecrire aussi.
Fouiller dans les archives
Pour Agata Tuszyńska, la mémoire ne transfigure pas le réel, elle permet à Gary de s’échapper. «Il prônait l’espoir» mais oubliait son passé. Le «je» garyen s’efface. Le «je» tuszyńskien se dessine car, malgré les apparences, ce n’est pas une biographie mais «un récit personnel dans lequel je me regarde». Une photo d’elle enlaçant la statuette d’un Romain Gary enfant près de la rue Grande-Pohulanka à Vilnius clôture le roman. «C’est mon livre !» Elle explique : «Je me suis donné le droit de lui expliquer l’histoire de la Shoah et de sa famille qu’il n’a jama