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Libération
Journalisme d'enquête

Le KGB et Poutine, de pire empire

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«Les Hommes de Poutine», enquête édifiante de Catherine Belton, retrace la prise de contrôle de l’actuel président sur le système politique et économique russe.
Une intervention de Poutine relayée sur écran géant, à Moscou en 2011. (Alexander Nemenov/AFP)
publié le 1er septembre 2022 à 6h50

C’est une sextape qui a changé l’histoire de la Russie. Boris Eltsine est toujours au pouvoir quand Iouri Skouratov, procureur général en charge d’une enquête sur la corruption des élites du Kremlin, se retrouve sur des vidéos l’impliquant avec deux prostituées. Ce kompromat, manœuvre de compromission pour faire chanter un individu, le pousse à démissionner en échange de la vidéo, mais les sénateurs refusent son départ. Les tensions montent, jusqu’à ce qu’une copie de la vidéo soit diffusée à la télévision. C’est à ce moment-là que Sergueï Pougatchev, banquier maître des montages financiers sous Eltsine, remarque Poutine.

«Héros»

Plongé dans un salon londonien en compagnie du banquier qui l’a sorti de l’ombre, le lecteur embarque dès le prologue dans la vie du président russe. «Il avait l’air d’un héros à la télévision. C’était la première fois que je le remarquais, confie Pougatchev, en 2005. Personne d’autre ne pensait à lui à l’époque. […] Nous en ferons un président.» L’enquête monumentale de la journaliste britannique Catherine Belton, les Hommes de Poutine, raconte comment le KGB et ses ho