Pour décrire le ton du Lâche, le premier roman de Jarred McGinnis, il suffit de lire comme le narrateur, qui s’appelle Jarred McGinnis, parle de son fauteuil roulant. L’instrument débarque dès la page 1, quand il a 26 ans. Mais le livre va reprendre l’enfance et l’adolescence du héros («les souvenirs ici ont des conséquences») puisque c’est sa prétendue lâcheté qui l’aurait rendu infirme via un accident de voiture. «Tu crois que tu es le seul à connaître la honte et la culpabilité ?» lui dit son père que, pour le punir, il s’est mis très jeune à appeler Jack plutôt que papa. Mais bon. «Une mère morte et un père ivrogne n’ont sans doute pas autant d’importance qu’on leur en prête.» Toujours est-il que la vie change en fauteuil roulant, pour soi et pour les autres. L’identité qu’on se voit et celle qu’on vous prête ne correspondent guère. «La paraplégie ne vous assure pas seulement des places de parking prioritaires et la condescendance générale.» «Dieu bénisse les êtres dénués de curiosité», dit le narrateur quand, enfin, on ne lui pose aucune question et que lui s’approche d’une table en écartant une chaise car «pas besoin d’un siège quand on apporte son fauteuil». Réponse quand on lui demande comment ça va : «Génial, ça boume ! […] J’en arrive à me demander pourquoi je ne me suis pas bousillé la moelle épinière plus tôt.»
«Patin à roulettes géant»
Le narrateur étant tombé de son fauteuil, quelqu’un doit l’y remettre. «Il a redressé l’engin, puis il