Au début, des chaussures se feraient la paire. «Il en disparaissait de toutes sortes : bottes, guêtres, tennis, galoches, chaussures officielles et, çà et là, pantoufles domestiques ; elles disparaissaient isolément ou par paires, disparaissaient aussi bien des paliers devant les portes que des placards dans les entrées, et cela posait quelques questions.» Mais la police ne prend pas la mesure de l’événement, repoussant son intervention aux chaussettes grecques, quand elles aussi disparaîtraient et ailleurs que dans les machines à laver. Et lorsqu’enfin un «sous-inspecteur» est chargé de l’affaire, «il disparut lui aussi sans laisser de trace». Il n’y a rien à attendre de cette corporation ou communauté : «les adultes». Ils ont «la faculté de tirer d’un petit rien des conclusions erronées». «D’une manière générale, il est difficile de réconforter les adultes» et comment ne pas se rendre compte que : «Mouais, c’est vrai que les adultes sont un truc très surévalué.» D’autant qu’on ne peut pas non plus compter sur eux pour vous réconforter vous. «Sa caresse fut gauche, comme celle des pères qui n’ont pas le temps, et il ajouta la phrase obligée : Maintenant, tout va bien, n’est-ce pas ?»
«Quelle ingratitude !»
Pauvres adultes, dans la narration du Ministère des rêves, premier roman du Bulgare Momtchil Milanov, né en 1986. Son héros est un petit garçon dont son institutrice «aux cheveux rouges qui faisaient penser à une ruche ou une barb