La scène qui ouvre le Quartet d’Oxford vaut son pesant symbolique. Le 1er mai 1956, les professeurs de l’université d’Oxford sont convoqués pour voter, entre autres, sur l’attribution d’un diplôme honorifique à l’ancien président des Etats-Unis Harry S. Truman. «En entendant son nom, on ne pouvait s’empêcher de poursuivre en soi-même : «Hiroshima, Nagasaki». L’assemblée composée en majorité d’hommes s’attend à ce qu’une poignée de femmes contestent cette décision, la rumeur les a précédées. Elizabeth Anscombe se lève pour aller au pupitre. Dans son discours prononcé en anglais (la tradition exigeait le latin), elle compare Truman aux plus grands criminels de l’histoire, Néron, Gengis Khan, Hitler ou Staline, et le traite de «boucher». L’argumentation agace, jette un froid, elle n’empêche pas un vote positif et, le 20 juin, Truman reçoit son diplôme en robe écarlate et bonnet de velours noir, puis dîne au repas annuel officiel appelé «Gaudy», encore exclusivement masculin, avec «un chapelet d’évêques, de chevaliers et de lords, d’ambassadeurs et de comtes».
Qui est «Miss Elizabeth Anscombe», la terreur en pantalon d’Oxford ? Une philosophe britannique majeure du XXe siècle, la plus brillante de la bande d’amies qu’elle forma avec Philippa Foot, Mary Midgley et