Bournville, c’était la version classe, la gamme snob du chocolat de chez Cadbury quand j’étais petite. Puis un Noël, mes parents nous ont amenées écouter le carillon et voir l’immense sapin enguirlandé de Bournville Village. Et j’ai appris que le fameux chocolat portait le nom de ce village situé en plein Birmingham. Avec ses maisons coquettes, alignées autour d’un petit parc, Bournville semblait sortir tout droit d’un conte ou bien d’une autre époque. Même du haut de mes 7 ans je me rendais compte du décalage avec la ville alentour.
Quelque quarante-cinq années plus tard, Jonathan Coe nous explique dans Bournville – le titre original du Royaume désuni – la création de toutes pièces de cette cité-jardin bâtie autour de l’immense usine de chocolat Cadbury et la communauté qui s’y est construite à son tour. «Leur vision : la coexistence harmonieuse de l’industrie et de la nature, en symbiose, interdépendantes.» Il retrace, avec une ironie typiquement britannique et de la tendresse presque un siècle de vie et de vies à Bournville, Birmingham et à Londres – la lointaine capitale au début du livre et seulement à deux heures de route à la fin. Sans jamais être grandiloquent, Coe tisse une vaste tapisserie mouvante de ces derniers cent ans en Angleterre, attirant notre attention tout doucement sur un fil par-ci, un autre par-là. Fils qui vont finir par composer le portrait profondément humain du pays en désarroi post-Brexit que nous connaissons.
Ses outils, ce so