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«Le séduisant Ford Madox Ford» traîné dans la boue par Hemingway

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Le cahier Livres de Libédossier
Splendeur et misère de Ford Madox Ford, auteur avec Joseph Conrad des «Héritiers du monde», roman d’anticipation pour la première fois traduit en français.
Ford Madox Ford. (E. O. Hoppe/Getty Images)
publié le 3 janvier 2025 à 15h12
(mis à jour le 4 janvier 2025 à 11h12)

«C’est avec angoisse, voire avec horreur, que Conrad se souviendrait plus tard de sa collaboration avec Ford Madox Ford, dont étaient nées trois œuvres sans envergure», écrit Stéphanie Bernard dans le Cahier de l’Herne Conrad, paru en 2014. Et Conrad lui-même à propos des Héritiers du monde, dans une lettre de 1900 à son éditeur Edward Garnett citée par Maxime Rovère dans son introduction à la Nature d’un crime, dernière collaboration des deux auteurs (traduite en 2013 chez Rivages poche) : «Je considère la publication des Héritiers comme un vrai coup de chance. Par Jupiter ! Quelle farce ! Je me suis résolu à regarder cette affaire comme une sorte de parodie des romans politiques qu’écrivent assurément les idiots. […] Et ce pauvre H. [Ford s’appelait encore Huefer, ndlr] était d’une mortelle sincérité. Bon Dieu. Qu’est-ce qu’il a pu bosser ! Il n’y a pas un seul chapitre que je ne lui ai pas fait récrire entièrement deux fois — trois fois pour la plupart. […] Il y a des moments où j’ai maudit le jour de ma naissance et où je n’osais pas ouvrir les yeux sur la journée que je devais passer avec cette histoire en tête. H. a été plus patient qu’un ange ne l’a jamais été. […] Si je ne l’ai pas insulté, en tout cas j’ai sous-entendu par mes remarques et par le cours de nos discussions les épithètes les plus of