Le Siècle de Hobbards est de l’ordre des projets ambitieux : Jonathan Baranger n’offre ici pas moins que la chronique d’une petite ville du New Hampshire sur un siècle entier. On ne retrouvera pas Hobbards sur la carte des Etats-Unis, pourtant, dès les premières pages, elle est là, comme une concaténation de notre acculturation américaine via la littérature, la peinture, les films et les séries. Baranger le dit lui-même : «Depuis mon enfance, à la suite des Simpson, j’avais le désir de créer mon Springfield, et à l’adolescence la vision de Lumberton dans Blue Velvet de David Lynch m’a amené à vouloir explorer aussi l’arrière-monde ténébreux d’une petite ville.»
Le Siècle de Hobbards décrit ainsi décennie après décennie le devenir de Hobbards et de ses habitants. Dès le premier chapitre – les années 1900 – on est immergé dans ce qui n’est qu’une agglomération rurale, remarquable néanmoins pour ses bois d’érables. Des personnages surgissent in medias res, ça parle et peu à peu on s’infiltre dans cette communauté comme un étranger débarquant en ville. Le lecteur peut se sentir désorienté, mais cela fait partie du jeu car Hobbards se mérite. Assez vite, il retrouvera les mêmes familles, les destins croisés des autorités, des ambitieux, des «figurants» et des losers. Leurs infamies, mystères et petits secrets trouveront une explication même si c’est une ou deux générations plus tard. Mais prudence, car le récit de ces chroniq