Résumer l’année 1968 à son printemps néglige la publication en juillet de l’encyclique Humanae vitae, «tournant décisif dans l’histoire de l’Eglise au XXe siècle» dont Martine Sevegrand dresse ici un bilan. Paul VI y réaffirme sa condamnation de la contraception, confortant l’interdiction des relations préconjugales, de l’avortement, de la procréation artificielle, des remariages après divorce et de l’homosexualité. La prêtrise continue, elle, d’exiger le célibat. La nouveauté ne réside donc pas dans les écrits pontificaux, mais dans leur réception, car ils ne tiennent compte de l’évolution de la théologie morale et du désir de nombre de croyants de la réformer que pour y mettre un coup d’arrêt. Voilà «le magistère catholique désormais acculé à la défensive», avec pour effet «le pluralisme théologique».
Les questions de la sexualité n’ont pas attendu la décennie 1960 pour s’inviter dans la doctrine de l’Eglise, désireuse de contrôler l’intime. La jeunesse est sa cible privilégiée pour imposer la morale sexuelle ; son triomphe, entre 1900 et 1950, intègre la condamnation du «vice solitaire» – censé toucher essentiellement le sexe masculin – et celle des relations prénuptiales. La préservation de la chasteté passe par l’éducation des garçons, les filles n’étant elles que