Leurs meilleurs alliés sont la brume et la pluie. Dans la jungle de Lubang, île philippine, trois hommes en uniformes japonais font du feu. Ils ont tué un buffle lors d’une razzia dans les parages d’un village et veulent conserver les lamelles de viande. Le soldat Shimada «ne cesse de poser des bouts d’écorce dans les braises, ce qui rend blanche la fumée noire et la fait se confondre avec le brouillard». On est au début de l’année 1946, le chef du trio n’est pas encore devenu un mythe : il s’appelle Hiroo Onoda. Pour lui et ses compagnons, la Seconde Guerre mondiale dure toujours. Une fiction dans laquelle Onoda va vivre pendant trente ans, tuant de nombreuses personnes, tandis que ses techniques de survie dans la forêt tropicale se perfectionnent.
Herzog rencontre Onoda au Japon en 1997
Un long métrage est sorti l’année dernière sur ce Japonais irréductible, signé par le réalisateur français Arthur Harari. On aurait pu s’attendre à voir le sujet également exploité par le cinéaste allemand Werner Herzog, devenu avec Aguirre, la colère de Dieu et Fitzcarraldo à même de saisir la démesure de la jungle et de la folie obsessionnelle d’un homme. Mais Herzog a choisi l’écriture pour rendre hommage au soldat égaré, rencontré au Japon en 1997. C’était vingt ans après sa reddition, grâce à un jeune étudiant venu au péril de sa vie à la r