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«Le Soleil, la lune et les champs de blé» de Temur Babluani, odyssée géorgienne

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Le cahier Livres de Libédossier
Après un coup monté de la pègre de Tbilissi, un adolescent galvanisé par l’amour est envoyé au Goulag.
A Tbilissi en 1960. (Bela Zola/Mirrorpix. Getty Images)
publié le 12 janvier 2024 à 13h06

Djoudé Andronikachvili n’est pas Calamity Jane. Et pourtant le voilà avec deux revolvers, appartenant à d’autres, coincés dans la ceinture. Et même s’il n’a pas tiré sur les deux salopards à terre, les badauds attirés par les détonations le montrent du doigt : il est forcément le meurtrier. Le coup monté par des malfrats de Tbilissi va conduire le garçon de 17 ans en prison. Non majeur, à la différence des véritables tueurs, il devrait échapper à une ­condamnation à mort, ses «amis» lui demandent d’être un peu compréhensif. Le fils de cordonnier, au lieu d’intégrer une école d’art, entame alors une vie d’errances et de malheur.

Première étape : le travail forcé dans une mine d’or de l’extrême nord soviétique. Chaque année de la peine compte triple, tant les conditions de détention sont éprouvantes. Mais Djoudé est optimiste, trois ans et trois mois seront vite passés. On est en 1968, l’URSS ne tremble pas encore sur ses fondations. Le Soleil, la lune et les champs de blé est le premier roman du cinéaste géorgien Temur Babluani, né en 1948. Cette épopée ulysséenne, de Tbilissi à la Sibérie en passant par le Kazakhstan, s’étale sur une quarantaine d’années, le temps nécessaire au réprouvé pour retrouver sa Pénélope, Manouchak, la fille du coiffeur (et mouchard du KGB) Garik.

«Miracle» salué par des moines hospitaliers

Djoudé qui a reçu ce surnom après une visite d’un dignitaire chinois a une poisse phénoménale, il devr