Le silence n’est jamais absent. Il est dans un klaxon, un saut dans une flaque d’eau ou dans le balancier des bambous sous le vent. De telles sonorités rompent avec le calme souhaité par Yoshio, un gamin tokyoïte parti à sa recherche dans sa ville, «cette immense salle de concert». Si le silence naît d’une absence d’actions pour l’artiste Marina Abramović, il est bien souvent caché dans une myriade de bruits. Dans la rue, Yoshio entend «le bip-bip-bip des feux tricolores» ; à l’école, le grincement de la grille ; chez lui, «le bruit des baguettes, de l’aspiration, de la mastication et de la déglutition» ou encore le clapotis de l’eau de son bain «au moindre mouvement d’orteil». «“Où vais-je trouver le son du silence ?” se demande-t-il depuis sa découverte au coin d’une rue du koto, instrument traditionnel japonais. Et au lecteur de se questionner : existe-t-il ?
Car le silence est un concept. Il n’est jamais complet, toujours parasité par nos bruits – ceux créés par notre corps comme notre respiration ou le crisseme