Professeur de littérature et d’études théâtrales à Stanford, Jean-Marie Apostolidès a débuté avec des essais sur le XVIIe qui ont fait date : le Roi-Machine (Minuit, 1981) et le Prince sacrifié (Minuit, 1985), mais son éclectisme l’a aussi amené vers le situationnisme comme vers la bande dessinée (les Métamorphoses de Tintin, Flammarion, 2006). Décédé l’an dernier, il laisse l’Hypnose théâtrale, une somme importante sur la mutation qui s’est opérée dans les représentations théâtrales au cours du dernier tiers du XIXe siècle.
Sous la monarchie de Juillet et le Second Empire, le théâtre est le premier loisir, c’est une industrie rentable ; les salles sont toutes spécialisées, de la tragédie au vaudeville en passant par la pantomime, et de fait la critique et les échos dramatiques sont les rubriques les plus lues des journaux. Mais on va au théâtre aussi pour se montrer car la salle, bien moins sage qu’aujourd’hui, reste constamment éclairée, offrant aux regards sa bigarrure sociale et ses célébrités plus scrutées souvent que la scène elle-même. C’est ce que l’on nomme le «théâtre frontal», une configuration où des acteurs formés à l’art de la déclamation rivali