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Une famille entière disparaît. Tous ses membres, à l’exception de Fanny, 17 ans, qui a fui vers l’Allemagne avec sa meilleure amie. «Les voitures sont garées en file indienne à perte de vue jusque dans la forêt. La camionnette des techniciens criminels, les TIC, est la seule à être stationnée devant la maison. […] Des renforts doivent arriver de Pontarlier pour gonfler les effectifs, barrer tout accès à la scène de crime. Car c’en est une, Bruno n’a aucun doute là-dessus.»
Bruno Albertini, c’est le capitaine de gendarmerie. Le contenu du coffre-fort a disparu. Fanny est la clé de l’énigme, pense le gendarme. Et pourtant. «Il ne veut pas imaginer l’hypothèse d’une adolescente de l’âge de son fils en train de massacrer sa famille. […] Il sait que c’est possible. En Angleterre, dans le Colorado, à Dieppe… Il sait que c’est possible. Mais pas chez lui. Pas ici. Pas cette jeune fille…»
Le talent qu’a Nicolas Leclerc pour décrire des ambiances, des paysages, des tempêtes sous un crâne, est assez remarquable. On a réellement l’impression d’évoluer au rythme des habitants de ce village du Jura au bord d’un lac. La psychose ne va pas tarder à s’installer, la pression s’abattre sur les enquêteurs de tous côtés. Médias, hiérarchie, population. On va vouloir des résultats, et vite ! Et puis, comme souvent dans ce genre de tragédies, les rumeurs tournent et se portent comme par hasard sur l’ex-taulard employé dans le chenil, qui a pour patronyme… Idriss.
«— C’est pas contre toi, mais avec les gars que t’emploies…
— Ferme ta gueule, Denis ! T’es qui pour juger ? Idriss, il est clean. Je ne fais pas bosser n’importe qui, je le connais. Tu peux en dire autant de tous tes gars ?
— Chez nous, on n’engage pas des criminels !»
Dans ce polar pointu, les chapitres ont parfois des noms de chansons, comme Like a Hurricane de Neil Young, ou Smells Like Teen Spirit de Nirvana (la playlist figure à la fin). On y trouve aussi les Clash, Bob Dylan, Nina Simone et les Stones. De la musique, pour se remettre de ses émotions, c’est un joli cadeau de Nicolas Leclerc qui cherche sans doute à se faire pardonner les frissons arrachés à ses lecteurs.