Adrien, 14 ans, rêve de devenir violoniste dans l’Haïti déchirée des années 70. Sa mère l’inscrit aux cours donnés par Monsieur Benjamin, un célèbre violoniste. Maniant parfaitement l’instrument et se démarquant par une intelligence académique, Adrien s’attire rapidement la sympathie des habitants de son quartier. Alors que ses premières leçons s’achèvent, il doit se procurer un violon, «condition exigée pour qu’[il] poursuive les cours». Pour atteindre son objectif, va-t-il tout mettre en œuvre en dépit des turpitudes politiques de son pays, raturé par la dictature des Duvalier ? L’auteur, né à Port-au-Prince en 1958, connaît cette violence, celle des gangs armés du quartier de Carrefour-Feuilles, et la retranscrit souvent dans ses récits. Dans le Violon d’Adrien, Gary Victor raconte la tendre histoire des rêves bafoués de la jeunesse de son île.
Ce n’est pas le maigre salaire de sa mère couturière qui lui offrira l’instrument sur un plateau d’argent. Elle regrette, debout à côté de son lit et sanglote : «Je ne pourrai pas lui acheter un violon. Ce n’est pas hors de prix, mais pour moi, il l’est. Je ne sais que faire, Jésus. J’aime tellement mon Adrien. Je le verrais bien un jour en concert comme Monsieur Benjamin.» Pour le narrateur,