«Les oppressions exercées par l’Homme sur l’Homme, par l’Homme sur la Femme et par l’Homme sur la Nature, forment un nœud borroméen et ce n’est qu’ensemble qu’elles seront démantelées», peut-on lire en introduction de Pour une politique écoféministe. Il a fallu trente ans pour que le livre le plus connu d’Ariel Salleh, sociologue australienne et figure internationale de l’écoféminisme, soit enfin traduit et disponible en France. L’écoféminisme est un courant de pensée original qui étudie les corrélations entre le patriarcat, le capitalisme, et l’exploitation délétère des ressources naturelles. Influent dans de nombreux pays, il a souvent été caricaturé ou simplement ignoré dans notre pays. Un comble quand on sait que c’est la romancière et philosophe française Françoise d’Eaubonne qui l’utilisa pour la première fois, dans son ouvrage le Féminisme ou la mort, en 1974.
Activiste engagée dans de nombreuses luttes depuis les années 1970, Salleh appuie ses analyses sur son expérience du terrain, son implication dans une myriade d’initiatives locales menées par des femmes partout sur le globe, et notamment dans le Sud global. Paysan·nes, couturières, aborigènes luttant pour préserver leurs terres, mais aussi toutes les «travailleur·euses engagé·es dans le care» comme elle les nomme – mères et grands-mères so