Philosophe à la gâchette rapide, Pierre Charbonnier a dégainé son concept d’«écologie de guerre» dans un article de la revue le Grand Continent seulement un mois après l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine. Sous sa plume, l’écologie – traditionnellement associée au pacifisme – devient une arme au service des Etats en quête de puissance, une arme géopolitique. A l’époque, Charbonnier estimait justement que les mesures de sobriété et de transition énergétique étaient déterminantes pour contrer une machine de guerre russe financée par la vente de gaz et de pétrole à l’Europe. Son nouvel essai, intitulé Vers une écologie de guerre, est une vaste enquête historique visant à comprendre pourquoi l’humanité n’agit pas (ou trop peu) face à la catastrophe environnementale, et cherchant des clés pour sortir de l’impasse.
Pierre Charbonnier s’emploie principalement à déconstruire le «pacifisme libéral» né avec les Lumières et dont nous héritons à travers des instances de gouvernance telles que les COP. Dès le XVIIIe siècle, ce courant de pensée se donne pour but d’abolir la guerre en instaurant une «paix perpétuelle» entre les nations, selon les termes de Kant. Un pacte programmatique est alors noué entre l’objectif de paix et le commerce, conçu comme une forme de dépassement des conflits territoriaux entre Etats. «La genèse de