L’écrivain Gilles Perrault, qui avait beaucoup pesé dans les années 1970 en faveur de l’abolition de la peine de mort en publiant le Pull-over rouge, s’est éteint à 92 ans mercredi 3 août. Il est décédé «la nuit dernière» d’un arrêt cardiaque, a indiqué jeudi à l’AFP son entourage familial, confirmant une information de Ouest-France.
Jacques Peyroles, de son vrai nom, avait débuté une carrière d’avocat avant de bifurquer vers le journalisme puis la littérature. Sous son pseudonyme, il signe notamment en 1969 un roman d’espionnage à succès, le Dossier 51, adapté en film avec Michel Deville.
Il n’était «pas seulement un formidable raconteur. Mais aussi un homme engagé», a salué jeudi soir le journaliste Edwy Plenel dans un message sur Twitter, rebaptisé X.
Le nom de cet ancien adhérent au Parti communiste revient dans de nombreuses tribunes engagées contre le racisme, pour la légalisation de l’euthanasie, ou en 2007 en faveur de l’ex-activiste italien Cesare Battisti.
«Avec sa plume de combat, Gilles Perrault a permis d’avancer vers l’abolition de la peine de mort. L’humanisme a aussi guidé son engagement à Ras l’front», un réseau associatif actif dans les années 90 pour lutter contre les idées du Front national, a souligné la ministre de la culture Rima Abdul-Malak dans un message sur X.
En 1978, la parution du livre-enquête le Pull-over rouge, qui alimente les doutes sur la culpabilité de Christian Ranucci, guillotiné deux ans plus tôt pour le meurtre d’une petite fille, va donner lieu à une vive polémique, alimentant les pages des journaux pendant plus de trente ans.
Des livres ultérieurs sur l’affaire, et ses propos répétés à son sujet (il avait qualifié l’enquête sur le meurtre de la petite Marie-Dolores Rambla de «forfaiture»), conduiront à sa condamnation, notamment pour diffamation envers des policiers de la brigade criminelle de Marseille.
La peine de mort est abolie en France en 1981, mais les trois demandes de révision du procès n’ont jamais abouti. «Une recherche de révision, ça n’est pas du sprint, c’est du marathon», avait déclaré l’écrivain à l’AFP en 2006, espérant toujours voir un jour l’affaire réexaminée.
En 1990, Gilles Perrault avait été à l’origine de l’une des plus graves crises de l’histoire des relations franco-marocaines en publiant le retentissant Notre ami le roi, qui faisait un bilan accablant de trente ans du règne d’Hassan II. L’ouvrage s’interrogeait aussi sur la complaisance de certaines élites françaises à l’égard du monarque.