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Interview

L’éditeur Thierry Bodin-Hullin : «Dis-moi ton Perec»

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Le fondateur de la maison d’édition nantaise l’Œil ébloui lance une collection de 53 livres, publiés sur dix ans, visant à documenter le rapport intime d’auteurs et d’artistes à l’auteur de «la Disparition».
Georges Perec en 1980. (Montage Libération d'après une/Gamma Rapho)
publié le 22 mars 2024 à 16h17

L’idée venait de Jacques Bens : créer un inventaire de 50 choses à ne pas oublier de faire avant de mourir. Elle séduit Bertrand Jérôme de France Culture, et l’oulipien de la première heure inaugure l’exercice le 24 octobre 1981 dans l’émission Mi-fugue mi-raisin ; elle durera deux ans. Bens sollicite son ami Georges Perec, qui décide qu’il en listera non pas 50 mais 37, un de ses nombres fétiches. Thierry Bodin-Hullin le raconte dans le début de 50 choses qu’il ne faut tout de même pas oublier de faire avant de mourir, version radiophonique et écrite de l’inventaire, premier tome de sa collection : «On sait l’importance de certains nombres emblématiques dans l’univers perecquien. Perec avait fait du 37 et du 73, sa version palindromique, deux de ceux-là. Il aimait à dire qu’il a eu 37 ans le 7/3/73 ; il y a trente-sept chapitres dans W ou le Souvenir d’enfance ; le chapitre 73 de la Vie mode d’emploi est un chapitre double, l’ensemble des contraintes s’y trouvant utilisé deux fois ; etc.» Lire sur le papier l’échange oral du 14 novembre 1981 s’avère simplement réjouissant, Perec rit beaucoup et énumère des projets aussi divers que : «passer par l’intersection de l’équateur et de la ligne de changement de date», «se faire c