De la familiarité naît parfois une forme de méprise. Ainsi depuis la France, et le prisme déformant de notre propre histoire houleuse avec le manga, on saisit mal l’œuvre de Leiji Matsumoto. Découvert par la diagonale de ses adaptations en dessin animé, presque trop tôt pour être apprécié pour ce qu’il est, le travail de Matsumoto a eu sa vie propre en France. Prononcez le nom d’Albator, sa création la plus célèbre, et ce ne sont pas des dessins qui jaillissent dans l’esprit mais le générique d’un des deux dessins animés tirés des aventures du Corsaire de l’espace. L’œuvre s’éclipse derrière une nostalgie, la pause Récré A2 saveur choco BN. Idole révérée des enfants qui n’ont d’yeux que pour cette culture populaire étrangère qui inquiète à l’époque parents et politiques (les fameuses «japoniaiseries»), Albator est le gothique de la bande. Cheveux longs et tête de mort sur le torse. Mis dans le même sac que Capitaine Flamme ou Goldorak, il serait l’ancêtre des symboles de la BD japonaise de ces trente dernières années, l’aïeul de Naruto et de Luffy de One Piece. Sans mesurer l’étrangeté du personnage, la puissance poétique, la sublime équivocité de l’œuvre de Leiji Matsumoto. Ce grand maître de la bande dessinée est mort le 13 février. Mondialement célèbre, internationalement méconnu. Un p
Disparition
Mort de Leiji Matsumoto, créateur d’«Albator» et arpenteur des solitudes stellaires
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Le mangaka, réduit en France au dessin animé diffusé sur Antenne 2 dans les années 80, laisse une œuvre nourrie de ses obsessions mécaniques et mélancoliques. Non dénués de paradoxes, ses ouvrages restent marqués par un humanisme né de l’après-guerre. Il avait 85 ans.
L'anime «Albator, le corsaire de l'espace» tiré de son manga a rendu Leiji Matsumoto célèbre dans le monde entier. (Domenico Stinellis/AP)
Publié le 20/02/2023 à 8h58
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