En arabe, Leïla signifie «la nuit». C’est l’une des nombreuses choses que l’on apprend à la lecture du récit de Leïla Slimani, au titre étrange, le Parfum des fleurs la nuit. L’autrice en dissipe le mystère : ce parfum est celui d’une plante surnommée «le galant de nuit». Elle a «pour particularité de dégager l’odeur la plus forte du règne végétal et, comme le datura, autre arbre qui enfant me fascinait, ses fleurs ne s’ouvrent que la nuit».
Leïla Slimani a grandi dans une maison à Rabat. Son père ouvrait la porte le soir pour qu’entrent des effluves. D’autres souvenirs reviennent à la lauréate du Goncourt pour Chanson douce, tandis qu’elle passe une nuit en avril 2019 à l’intérieur d’un musée vénitien, la Pointe de la Douane, dans lequel se trouve un galant de nuit. Superbe bâtiment du XVIIe siècle, il abrite désormais des expositions d’art contemporain.
1. Les choses sont-elles à leur place ?
Pas toujours, mais Leïla Slimani se charge de les y remettre. Elle n’a jamais été à l’aise dans les musées. Combien de temps faut-il contempler une toile ? A la Pointe de la Douane, cela tombe bien, il n’y a pas de tableaux mais des installations, concept qui n’est pas familier à Leïla Slimani. Elle a beau savoir que depuis le XXe siècle, «l’art peut être partout, dans un urinoir ou une pelle à tarte», elle n’y va pas par quatre chemins. Au milieu d’une salle se trouve «un long rideau en billes de plastique rouge». Que lui évoque-t-il? «Il y avait un rideau comme celui-là chez l’épicier