«La première fois que tu as entendu parler de la conscience noire, tu ne comprenais pas encore que la société accordait davantage d’importance à ta couleur de peau qu’à ton caractère.» Henrique est né à Rio de Janeiro, sa mère, caissière dans un supermarché, a fondu pour son père, un gardien de sécurité à moustaches. Il ressemblait à Rivelino, la star du football de ces années 70. Avant de se marier, tous deux sont allés demander la bénédiction des orixás (divinités de la religion afro-brésilienne du candomblé). «Mizifio, vous allez avoir un fils d’Ogum. La guerre va faire partie de sa vie, mizifio.» Henrique dira plus tard à son fils être né sous une bonne étoile : Ogum, dieu de la guerre, est une figure de protection et de résilience. Dans l’Envers de la peau, Pedro devenu adulte s’adresse à son père disparu.
Dans les filets de la haine
La vie d’Henrique sera loin de celle d’un guerrier, plutôt d’un résistant passif, marquée par le racisme. Le jeune garçon innocent, confronté au mépris, va tenter d’évoluer entre les gouttes, porté par les circonstances comme on se soumet, protégeant son humanité des insultes et des coups. Quand devenu un professeur de lettres de 52 ans distant et sans histoire, il relève la tête pour contester l’injustice, la police le tue à bout portant.