Il est mort, le tribun. On n’entendra plus sa grosse voix tonner à l’Assemblée nationale. On n’admirera plus ses talents oratoires, la violence avec laquelle il se déchaînait contre ses adversaires, la passion qu’il mettait dans tous ses combats politiques, son endurance aussi, qui lui avait fait parcourir la France entière pour convertir le peuple à la République – lui qui aurait certainement pu dire : «La République, c’est moi.» Et la nation, c’était lui aussi, d’ailleurs.
Il était certes un peu trop grossier, un peu trop débraillé, au goût des élites. Puis, on se méfiait de son tempérament autoritaire. Une fois au pouvoir, n’en profiterait-il pas pour assouvir un obscur désir de dictature ? Derrière le corps du tribun, ne reconnaissait-on pas l’ombre de César ? Cependant, il y était déjà parvenu, au pouvoir, proclamant à son de trompe que ce serait quelque chose, qu’on allait voir ce qu’on allait voir, que son ministère serait un «grand ministère». Mais on n’avait pas vu grand-chose. Les oppositions modérées et conservatrices étaient trop fortes. Elles avaient eu sa peau. Au bout de deux mois et demi à peine, il avait dû démissionner.
Pistolet chargé
Mais il avait de la ressource. Il s’était retiré dans sa résidence secondaire, avec sa compagne dont – scandale – il n’était pas l’époux. Il préparait son retour politique et ce retour serait triomphant. On l’avait vaincu, OK, mais sa contre-offensive allait être terrible. N’était-il pas la nation et la République ?
Seulement voilà, il était mo