«J’aime les lettres de ton nom. Elles sont pleines de souffles froissés et de muettes suppliques, elles cachent des herbiers et des portails de granit, elles sont fragiles et inébranlables comme l’ombre.» L’homme qui parle est un amoureux à la fois comblé et hanté par le vide. L’Epoux commence par un mariage, aux Etats-Unis, en petit comité : celui de Patrick Autréaux avec son compagnon. Dans une prose dense, ciselée, s’adressant à un «tu» qui désigne son mari, il dit en peu de mots l’étendue de son amour et celle de la souffrance causée dans son couple par l’homophobie de sa belle-famille. Les premières pages sont bouleversantes.
De quelles épousailles parle Patrick Autréaux dans ce nouveau livre ? Comme toujours chez lui, chaque événement rapporté de l’autobiographie – maladie, deuil, vertiges existentiels – est le point de départ d’une quête : celle, à travers la littérature, d’une solidité non pas malgré la fragilité, mais dans la fragilité même. Ce sont des livres qui aident à vivre. Cet Epoux, c’est le compagnon bien sûr, celui qui s’effondre le jour du mariage, terrassé par l’incompréhension de sa famille, pilier toujours debout malgré les mauvaises années qui ont suivi le cancer du narrateur et qui ont donné la matière de plusieurs des précédents récits de Patrick Autréaux. «Je retrouve