Comment retranscrire Deleuze, philosophe de l’oralité, qui avait lui-même refusé que ses cours donnés à l’université de Vincennes puis de Saint-Denis dans les années 1970 et 1980 soient publiés ? S’il faut prendre le risque de perdre «une partie du jeu des intonations, des effets de dramatisation, si importants chez Deleuze», on «gagne en revanche de saisir plus intensément son extraordinaire pédagogie», soutient David Lapoujade, professeur à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, qui a soigneusement écouté les enregistrements du philosophe pour produire la première édition non «sauvage» de ses cours, Sur la peinture, parue aux Editions de Minuit.
Pourquoi les cours de Gilles Deleuze n’avaient-ils pas été publiés jusqu’à présent ?
C’est que Deleuze ne voulait pas que ses cours soient publiés et les ayants droit ont respecté cette volonté aussi longtemps qu’ils l’ont pu. Par amitié, Deleuze avait autorisé Richard Pinhas [musicien dont il était très proche, ndlr] à mettre en ligne ses cours et des retranscriptions. Plus tard, ce fut l’université de Saint-Denis qui proposa également des retranscriptions de ses cours, puis la Bibliothèque nationale de France qui mit en ligne la totalité des enregistrements dont on dispose à l’heure actuelle. Ici ou là, se sont mises à paraître des éditions sauvages des cours à l’étranger, qui n’en proposaient pas des versions suffisamment fiables. Il est