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«Les Enfants loups», quand la montagne recèle de sombres secrets

Dans ce roman noir gothique, la romancière allemande Vera Buck met face à face les derniers loups et un tueur en série qui enlève des jeunes filles pour les achever à petit feu
Qui est le sauvage, qui est la victime dans cette fiction où les parents ne protègent pas leurs enfants ? (Zeferli/iStockphoto. Getty Images)
par Christine Ferniot
publié le 25 août 2024 à 9h00

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Des filles disparaissent dans les montagnes obscures et se perdent dans des forêts qui sentent la moisissure. Un hameau bizarre et vétuste abrite une communauté soi-disant religieuse qui se garde de sympathiser avec les gens de la vallée. On croise même un loup protecteur de petites filles ! Tous ces clichés pourraient donner envie de fermer le roman de l’allemande Vera Buck, mais l’erreur serait de se fier à l’apparente banalité des sujets. Vera Buck retourne le lecteur dès les premières pages de son roman en donnant la parole à différents protagonistes sans lever le mystère de chacun. Rebekka, Jesse ou Edith ont la fragilité des héros encore pétris d’enfance. Les bois qui les entourent ressemblent à ceux des contes horrifiques. En face, les adultes comme Smilla, journaliste stagiaire, Laura, la nouvelle enseignante, quelques familles ou des policiers, multiplient les erreurs et précipitent le drame. Il y a quelque chose d’archaïque dans ce thriller remarquablement construit, quand le monde d’hier s’oppose à celui d’aujourd’hui.

Vera Buck, encore inconnue en France, met face à face les derniers loups et un tueur en série qui enlève des jeunes filles pour les achever à petit feu. Qui est le sauvage, qui est la victime dans cette fiction où les parents ne protègent pas leurs enfants ? On décèle une impression malsaine et obsédante dans ce livre gothique qui fait la part belle à la nature, quand s’approche le soir. «L’obscurité ne se propage pas petit à petit, elle semble plutôt tomber brusquement. Elle s’abat d’un seul coup sur le rocher de Faun. Les arbres qui bordent la clairière deviennent d’immenses gardes noirs. Je commence à entendre des stridulations, des chants et des frémissements autour de moi…»

Les Enfants loups est un roman sur l’innocence perdue, sur le mensonge des prédateurs et la force des histoires qu’on lisait, enfants, la tête sous les draps, pétris de trouille. On était alors scotchés à ces fictions terribles, et, finalement, on en redemande !

Les Enfants loups, Vera Buck, traduit de l’allemand par Brice Germain, éditions Gallmeister, 480pp, 25,50 €.