«J’ai reçu un thriller qui m’a l’air bien poisseux, les Entrailles du mal d’Olivier Merle…» nous prévenait une collègue il y a une dizaine de jours. On venait également de recevoir le roman et sa quatrième de couverture, nous promettant une «plongée dans l’enfer» et une haine «si puissante et si implacable qu’elle ne peut se résoudre que par la mort», abondait dans ce sens. D’autant que le précédent tome des aventures du commandant Grimm (le Manoir des sacrifiés, paru l’année dernière) avait déjà opposé le policier à un tueur psychopathe particulièrement abject… Va donc pour une nouvelle plongée dans un univers moite suintant la peur et l’angoisse.
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Cette fois-ci, c’est le héros en personne qui est la cible de menaces anonymes. «Tu es fier de ce que tu as fait ? L’heure des comptes a sonné», reçoit-il un soir dans sa boîte aux lettres. Avoir des ennemis lorsque l’on est policier n’est guère étonnant mais devenir la cible d’un mystérieux individu qui connaît votre adresse, possède votre numéro de téléphone et semble ne rien ignorer du moindre de vos faits et gestes est une autre affaire… Surtout lorsque l’on est incapable d’imaginer qui peut à ce point vous en vouloir… «Le pire était de ne pas comprendre ce qui lui était reproché et de ne pas avoir la moindre hypothèse sur l’identité de l’accusateur. Ces questions tournaient en boucle dans sa tête et produisaient un effet dévastateur sur son moral. La peur le gagnait. Risquait-il d’être abattu en pleine rue comme un chien ? Quand il se coucha, Grimm songea qu’il avait laissé son arme de service à la PJ et qu’il n’avait rien pour se défendre…»
Situations désespérées
Secondé par son équipe, Hubert Grimm se retrouve vite confronté au monde glauque d’un dangereux proxénète serbe. Une enquête «officieuse» (principale victime, il a été dessaisi du dossier) parasitée par une guerre des services, les coups bas d’un collègue ripoux, une vie familiale chaotique et la difficulté pour ce policier à fleur de peau de respecter la hiérarchie et les consignes de prudence élémentaires – le poussant dans des situations souvent désespérées : «Il émergea lentement et, après quelques mouvements réflexes, ouvrit les yeux. Noir, le noir était complet. […] La première urgence était de voir. Découvrir enfin où il se trouvait. Il alluma son portable et braqua la lumière sur le sol. Horreur ! Le sol était jonché d’ossements. Ce qu’il avait pris pour des poteries éclatées étaient en réalité des restes de corps disloqués, entassés comme dans une fosse commune. C’est avec un crâne brisé qu’il était parvenu à se détacher.»
C’est finalement de son propre passé, une enfance meurtrie qu’il aurait préféré oublier, que vont émerger les clés de l’énigme. Et le face-à-face final avec cet ennemi de l’ombre sera à la hauteur des pires cauchemars du policier. L’heure des comptes a bien sonné.