Pardonnez l’image citadine et bourgeoise, sans doute pas la plus indiquée pour un roman situé pour l’essentiel dans les forêts profondes de Finlande, mais c’est celle qui vient, alors livrons-la telle quelle : les Filles du chasseur d’ours, cinquième roman de la Suédoise Anneli Jordahl (le premier traduit en français), évoque à la lecture une bougie parfumée. Pas la bougie chauffe-plat industrielle, entendons-nous bien : la grosse bougie artisanale qui en un allumage diffuse ses arômes de mousse, d’écorce, de fougère, de racines, de cuir et de pinède. Car il en va de même de ce conte contemporain où l’on avance au nez, séduit par certaines fragrances et leur pouvoir de suggestion, rebuté ailleurs par d’autres effluves et baladé tout du long par les nuances changeantes – partant d’une première partie à «La ferme», on finira à «La ville». D’entrée – et l’on pourra songer au Parfum de Patrick Süskind en son temps –, l’immersion est olfactive : dans le brouhaha d’un marché local, trois sœurs hirsutes vendent leurs produits, peaux de bête, viande séchée, champignons. «Ce qui les distinguait, c’était l’odeur. Une odeur âcre et tenace de sève de pin, de sueur et de sexe pas lavé.»
Elles s’enfoncent encore davantage dans les bois
En tout, elles sont sept. Sept sœurs, les jeunes filles du titre, descendantes d’un légendaire chasseur d’ours qu’il faudra tout un roman à déboulonner : on