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Histoire

«Les Grandes Déconvenues», la légende de l’expédition Parmentier prend l’eau

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Romain Bertrand démonte avec méticulosité le récit glorieux du voyage des deux frères Parmentier à Sumatra en 1529, érigé par certains au XIXe siècle en légende de l’exploration française du monde.
Carte de Sumatra extraite du «Discours de la navigation de Jean et Raoul Parmentier de Dieppe». (Alamy Stock Photo)
publié le 12 juin 2024 à 18h22

Dans les Grandes Déconvenues, Romain Bertrand retrace ce que certains considéraient au XIXe siècle comme une première et grande navigation française en Asie, celle des frères Parmentier, partie de Dieppe pour Sumatra en 1529. Face aux Portugais et aux Espagnols que l’on associe spontanément à l’idée de «grandes découvertes», il s’agissait de mettre en avant ce qui serait une contribution française notable à l’exploration du monde. Dans ce récit exécuté de main de maître, tant par son écriture que par son érudition, Romain Bertrand démonte l’imposture que constitue cette mise en légende du voyage des frères Parmentier. Le plaisir du lecteur tient autant à ce démontage qu’à la méticulosité de l’auteur dans son analyse de ce qui fut un échec patent.

Beaucoup d’éléments sont réunis pour donner de la consistance à la légende. D’abord, l’expédition est conçue par un armateur de renom, Jean Angot, riche entrepreneur dieppois en activités maritimes, doté d’une large assise sociale et financière. Ensuite, il confie ses navires, le Sacre et la Pensée, à deux frères navigateurs dont l’un, Jean Parmentier, est également un poète qui jouit d’une certaine notoriété auprès de la bourgeoisie locale. Il aurait même déclamé sa dernière composition poétique au large de Sumatra, sur le gaillard arr