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Roman

«Les Indulgences», folle de Vincent

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En Suisse, la liaison d’une nièce mineure et de son oncle quadragénaire, par Pascale Kramer.
Pascale Kramer varie les éclairages. Le point de vue principal est celui de la nièce, Clémence, une gymnaste. (Jean-François Robert/Flammarion)
publié le 9 février 2024 à 13h44

Qu’est-ce qui est le plus choquant ? L’aspect incestueux d’une liaison entre un oncle et une nièce ? La différence d’âge ? Il a 44 ans et elle à peine 18 quand ils commencent à coucher ensemble, en 1982. Il s’agit d’un détournement de mineure : les Indulgences se passe en Suisse, où la majorité est fixée à 20 ans jusqu’en 1996. Mais le roman, qui évolue en cinq étapes de 1977 à 2016, est trop subtil pour mettre d’emblée l’accent sur le scandale, et sur la cécité, ou la permissivité d’une époque. L’autrice, Pascale Kramer, varie les éclairages. Le point de vue principal est celui de Clémence, subjuguée par son oncle Vincent. Vient ensuite celui de la jeune épouse française de Vincent, point de vue qui n’est pas si éloigné de celui de Clémence. D’autres protagonistes viendront, à tour de rôle, ajouter une touche de complexité, la mère de Clémence, sa tante, sa meilleure amie, d’autres encore. Rien de systématique. C’est le paradoxe de ce roman : il est ouvert, il respire, alors même qu’il est tissé serré, à l’ancienne, bourré de situations et de détails psychologiques, d’adjectifs choisis, écrit au passé simple. Il se tient comme on est censé se tenir dans la bourgeoisie.

La grand-mère fait partie des «atouts» de Clémence

Dans cette famille-là – chalet au bord du lac de Neuchâtel, villa près de Lausanne vidée lors du premier chapitre – ils sont trois frères : un commissaire-priseur connu (l’oncle Vincent), un notaire (le père de Clémence) et un chômeur dont la femme et les enfants mettent un peu de désordre dans ce milie