«Raconté à hauteur d’enfant» : cette expression peut annoncer le pire, ou le meilleur – de ce côté se situe Ce que savait Maisie, d’Henry James. Plier bagage, roman mexicain, se situe aussi du bon côté. Exempt de mièvrerie, il est habité par une intelligence des relations humaines et par une simplicité dans l’énonciation de la vérité. Les enfants souvent possèdent ces dons. Comme l’auteur, le narrateur est né en 1984, et il est âgé de 10 ans lorsque s’ouvre le livre. La fugue de sa mère, dont il prend acte dès la première page, est le point à partir duquel il raconte la désunion d’un couple, celui de ses parents, putride dès son origine. Ils se sont déchirés dans un cadre qui redouble leur maladie, un Mexique en décomposition.
Daniel Saldaña Paris a le sens de la concision. Quelques phrases lui suffisent pour présenter la mésentente de son père et de sa mère, sur laquelle il ne s’attarde pas ; d’ailleurs Plier bagage est un roman bref : «Ma théorie est que mon père renfermait une contradiction : les aspects de Teresa qui l’attiraient le plus étaient aussi ceux qu’il voulait modifier à tout prix. Il était tombé amoureux d’une étudiante indépendante et politisée, mais voulait soumettre cette indépendance au joug du mariage et de la maternité. Il voulait que Teresa ait ses propres opinions, mais seulement pour pouvoir les contredire, pour rejeter ces mêmes opinions avec morgue et arrogance.» Teresa soutient les révolutionnaires zapatistes qui s