Tadeusz, le narrateur des Voleurs d’ampoules, habite en Pologne, à Opole ; mais le texte ne vise pas le réalisme. Le récit de ce personnage s’ouvre ainsi, «Ecoutez, je vais vous raconter comment ma Mère a sauté.» C’est un chant qui raconte une époque révolue, vécue par Tadeusz à la fin des années 1970, ou au début des années 1980. Quand il prend la parole, ou la plume, il a l’âge de savoir ce que furent la Seconde Guerre mondiale, la naissance du bloc soviétique, la création de la RDA, celle de Solidarité, et sur tout cela, il a sa petite idée. Il fait le départ entre ce qui marche, ce qui est raisonnable, et ce qui ne fonctionne pas - le système communiste, en premier lieu. Tadeusz dresse un inventaire de ce qu’il y avait et de ce qui manquait chez lui et dans son pays, dans les pays mitoyens et jusqu’au Mur de Berlin. Son enfance passée auprès de parents aimants et qui s’aimaient avait pour cadre une «barre», un immeuble très haut, très laid, semblable à tant d’autres. Il y avait dans l’immeuble un couloir de 5 000 mètres qui parcourait les combles, il y avait des vitres brisées et des éclats de verre au sol ; l’endroit dégageait une odeur très désagréable à cause des déjections humaines qui le jonchaient. Du bruit s’échappait des appartements. Au bas de l’immeuble il y avait des mégots, du pipi, des vêtements mis à sécher et qui s’étaient envolés. Les Polonais manquaient également, en ce temps-là, de nourriture, d’argent, de justice, de liberté, d’esp
Roman
«Les Voleurs d’ampoules» de Tomasz Różycki : dans le couloir du temps soviétique
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Chantier dans la ville d'Opole, en Pologne. (Egbert Hoffmann/ullstein bild. Getty Images)
publié le 10 mai 2025 à 11h34
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