Retrouvez chaque mardi une chronique, une interview ou un portrait lié à un texte de science-fiction qui fait l’actualité.
Le train est propice à l’endormissement, donc au rêve ou au cauchemar. Et dans cet endroit mouvant, la réalité au réveil peut s’être modifiée. Des passagers ont pu descendre dans une gare et d’autres monter. C’est dans cette ambiance que commence la novella de Daniel Walther, écrivain et journaliste disparu en 2018. Son narrateur a décidé d’aller rendre visite à un ami en Allemagne, dans la ville (imaginaire) de Känstadt. Il sort d’une période marquée par l’abus d’alcool et de tabac, il se sent à bout de souffle, il a envie de changer d’air. Bercé par le roulis des rails ce jour de décembre 1966, il perd momentanément conscience. Un voyageur le réveille, désignant le siège en face : «Toutes mes excuses, monsieur, cette place est-elle libre ?» Les deux hommes commencent à échanger et déjeunent ensemble au wagon-restaurant. La conversation tourne autour d’hypnose, de parapsychologie, de phénomènes surnaturels, d’«ingérence possible des puissances des ténèbres dans notre existence quotidienne». Lui n’y croit absolument pas, son interlocuteur, Werner Kosnow, qui s’est présenté comme un galeriste d’art autrichien, oui.
L’atmosphère déraille ensuite vers le fantastique. Tu n’y crois pas, tu vas voir, semble dire Kosnow. Par suggestion hypnotique, il l’incite