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Roman

«L’Eternel Mirage» de Pierre Bourgeade : l’année 1956 au fil d’émois

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De Nikita Khrouchtchev à Marilyn Monroe, du FLN au canal de Suez... Réédition d’une fresque vivante attentive aux détails.
Nikita Khrouchtchev lors du XXe Congrès du Parti communiste, à Moscou, en février 1956. (Getty Images)
publié le 27 juin 2025 à 13h20

A Uruffe (Meurthe-et-Moselle), un curé séduit une jeune paroissienne. En décembre, alors qu’elle est au bord d’accoucher, il la tue, l’éventre et massacre le fœtus. Nous sommes en 1956. C’est un des événements de cette année-là, une année que Pierre Bourgeade (1927-2009) met en scène dans l’Eternel Mirage. Les principaux personnages sont aussi bien «Monsieur K», Khrouchtchev au moment du XXe Congrès où sont dénoncées les «erreurs» de Staline, qu’un métis franco-vietnamien prénommé Wolfgang dont les espoirs révolutionnaires, au service du FLN, tournent court, car on le pense agent double. Le Parisien Thomas Rivière, journaliste politique de 30 ans, promène son mal-être d’un bout à l’autre du récit. Il a des doutes sur son métier, son patron n’en a pas, qui ne pense qu’à «vendre du papier». Envoyé à Alger par son journal, un quotidien du matin qui atteint le million d’exemplaires dans les grandes occasions, Thomas dort, abruti d’alcool, quand Guy Mollet reçoit les fameuses tomates. En janvier, le Front républicain a remporté les élections législatives. Guy Mollet est devenu président du Conseil. Première conférence de presse : «Mollet était sans pardessus malgré le froid. Il portait un veston étriqué à l’ancie