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Lettres de suicide : avec «Ecrits fantômes», Vincent Platini fait du mot à morts

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L’enseignant-chercheur regroupe des lettres de suicide écrites entre 1700 et 1948, exhumées d’archives de la police et de journaux.
«Pierre Vankasbrouk, 51 ans, inculpé de tentative d’assassinat, écroué le 24 octobre 1862, mort le 9 décembre 1862», reproduit dans «Ecrits fantômes» de Vincent Platini. (Ed. Verticales)
publié le 20 octobre 2023 à 11h58

Pourquoi écrit-on des lettres de suicide ? Parce qu’on se suicide, certes, mais pourquoi écrire ? Né en 1980, enseignant-chercheur en Allemagne, Vincent Platini édite ces Ecrits fantômes. Lettres de suicide (1700-1948) et les classe en différents chapitres, quand le suicide était un crime contre soi-même (et Dieu), quand il est une délivrance face à la maladie, un acte politique («Périr libre»), un remède contre le déshonneur ou contre l’amour, un acte de la vie familiale, une œuvre. Il précise que ces définitions ne sont pas exclusives les unes des autres, que le mot «suicide» date de 1734 (et est dû à l’abbé Grégoire), qu’au XIXe siècle il «désignait aussi bien l’acte que son auteur». Vincent Platini a dépouillé des centaines de «LdS» (c’est l’abréviation de «lettres de suicide» en usage) aussi bien dans les archives de la police que des journaux, s’arrêtant en 1948 quand le classement est mieux fait et que leur nombre explose, et parce que le droit d’auteur est aujourd’hui protégé pendant soixante-quinze ans (et qu’il faut penser à la vie privée des descendants). Il a maintenu l’orthographe d’origine et s’explique sur ses choix, préférant les transgressions aux répétitions. «Les lettres les plus frappantes se font justement contre les normes et leur époque, à l’appui et en dépit de celles-ci. La surprise de l’infraction a guidé une partie de mes choix. Ni enquête sociologique ni somme historique, ce recueil est, au fond, bien subjectif. J’ai préfér