Séjourner à dix mètres du sol sur un panneau publicitaire, pour peu qu’on ait à la fois le goût de la solitude et le sens de l’observation, change la vie. Cela coupe le monde en deux, le monde que décrit María José Ferrada dans l’Homme à l’affiche, le monde de Miguel, 11 ans. Le premier roman pour adultes de cette écrivaine chilienne connue pour ses textes à destination du jeune public, Kramp, avait déjà un enfant narrateur, une petite fille de 7 ans au temps de Pinochet.
Vu d’en haut, l’endroit où Miguel vit avec sa mère, sa tante Paulina et leurs voisins est «un désert» où on a planté une douzaine d’immeubles de quatre étages. On appelle l’ensemble «le bidonville». Non loin de là s’élèvent les feux de camp des «Sans Maison». Avant la naissance de Miguel, et avant d’accéder aux appartements qu’on leur promettait, la famille faisait partie des Sans Maison. Vue d’en bas, l’affiche Coca-Cola, avec la femme dans sa voiture rouge, son slogan «Partagez le bonheur», fait partie du paysage. Parions que plus personne ne la voyait. A présent, on la surveille, on guette. On a son opinion.
Entre le ciel étoilé et la terre ronde
Un soir qu’il l’a escaladée, Ramón, 36 ans, mari de Pa