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«L’homme qui danse» de Victor Jestin, lu par Alexandre Blomme, étudiant en littérature

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Chaque semaine, une lectrice ou un lecteur chronique un coup de cœur littéraire. Aujourd’hui, le portrait d’un quadragénaire et de sa solitude.
En boîte, quand «la fête est finie». (Philippe Lopparelli/Tendance Floue)
par Alexandre Blomme, étudiant en master de littérature
publié le 10 septembre 2022 à 23h20

La boîte de nuit, repaire de fêtes, de déboires et de rencontres. Après un camping dans les Landes, c’est une petite discothèque en bord de Loire, la Plage, que choisit Victor Jestin pour son deuxième roman, L’homme qui danse. L’auteur de 28 ans, habitué aux phrases courtes et au vocabulaire épuré, revient avec un texte frappant sur la solitude, dans un monde où l’on ne se sent pas forcément à sa place.

Arthur s’apprête à avoir 40 ans. Bientôt l’heure du bilan : que reste-t-il ? Pas grand-chose. Si ce n’est des rencontres, des soirées dansantes où la piste devient l’endroit où il faut être, où la Plage devient un véritable lieu de sociabilité. Arthur n’a rien à dire, rien à faire, rien à partager. «La fête est finie. Il n’y a plus que le bâtiment vide, et moi, oublié sur la banquette du fond.»

La Plage est un endroit de libération pour Arthur, qui devient petit à petit sa propre prison. Sa relation avec ce dancing a commencé vers l’âge de 10 ans, lorsqu’il s’y aventure pour l’anniversaire d’un ami. Danser lui paraît impossible : il est bloqué, il n’arrive pas à se lâcher. Dix ans plus tard, il retourne dans cette même boîte de nuit avec des amis qui n’y voient qu’un lieu pour «choper». Danser s’apparente à une obligation sociale, un moyen de s’intégrer dans la foule, et lui n’y parvient toujours pas. «Comment danser, comment enclencher le mouvement ? Je n’arrivais pas à me lancer.» Alors, il se prend en main, s’inscrit dans une salle de musculation