La Lavaharie est un pays oriental, minuscule et montagneux, peuplé de 300 000 habitants, resté à l’écart des guerres mondiales et des coups d’Etat, et dirigé par un prince. Le narrateur s’en est entiché adolescent avec un ami. Il a même appris quelques rudiments de la langue. Trente ans plus tard, il reçoit un opuscule en lavahar, et décide de partir passer ses vacances dans ce lointain royaume, fantasme de sa jeunesse. Le voyage est pénible : avion Rome-Athènes-Ankara, autocars jusqu’à Meched et Kouska, puis divers moyens de locomotions le font enfin parvenir dans la capitale, Lavahar, la seule ville. Difficile de savoir où se situe cet Etat. Il descend dans l’unique hôtel, le Lavahariog.
Là, c’est comme s’il était passé dans un trou d’un atlas mondial. Le climat est étonnamment agréable, mais les habitants ont des mœurs étranges. Ils n’apprécient pas de l’entendre parler leur langue, et leurs conversations sonnent faux. Dans le seul livre qui parle de la Lavaharie, Voyage au pays des Lavahars (1924), l’auteur Gaston Lenormand écrit cette caractéristique de leur conversation, qui est de «dérouter continuellement l’interlocuteur au moyen d’une logique fausse et sophistiquée avant de le reconduire, par des chemins non moins détournés, vers le thème de l’échange». Comme s’il rédigeait un journal, le narrateur décrit leur religion étrange, formée d’une trinité composée du Père, de la Mère et de l’Enfant, celui-ci étant leur Dieu suprême, la division de la populatio