«Je suis un homme. Bon, vous allez penser que je me trompe bêtement de genre, ou, peut-être que j’essaie de vous mener en bateau, parce que mon prénom finit par a, que je possède trois soutiens-gorge, que j’ai été enceinte à cinq reprises et d’autres trucs du même genre que vous aurez probablement remarqués, de simples petits détails. Mais les détails ne comptent pas. S’il y a une chose que les politiciens nous enseignent, c’est que les détails ne comptent pas. Je suis un homme et je vous demande de croire et d’accepter ça comme un fait, tout comme je l’ai cru et accepté moi-même pendant des années.» Le texte qui ouvre Imaginer lire écrire a de quoi surprendre. Pourquoi une écrivaine féministe telle qu’Ursula K. Le Guin se présente-t-elle comme un homme, elle qui s’est battue pour faire sa place dans un milieu très masculin ? La suite éclaire ce qui a pu d’abord paraître comme une provocation (ou de la science-fiction, elle s’y connaît) : «antérieure à l’invention des femmes de plusieurs décennies», elle est née en 1929 quand «il n’y avait en fait que des hommes». Et un seul pronom était utilisé, lui. Quand on dit «un écrivain doit savoir où est son intérêt», «c’est moi, l’écrivain, lui. Je suis un homme.» Ursula K. Le Guin était d’une époque où l’idée de femme «ne faisait pas recette». En 1992, elle a plus de 60 ans lorsqu’elle rédige cette conférence. «A peu près à l’époque où les femmes ont commencé à être inventé
«L’imagination, l’outil le plus utile que l’humanité ait à sa disposition» : Ursula K. Le Guin et le triomphe du récit
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Science-Fiction dossier
Ursula Le Guin en 1972. (AP)
publié le 11 juillet 2024 à 5h21
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