La littérature fuyait devant Frédéric Berthet comme un papillon, mais il avait une souplesse et un filet qui lui permettait presque de l’attraper. La Table ronde publie, dans un livre jaune d’or et cartonné, un recueil de chroniques que l’auteur de Daimler s’en va et du Journal de Trêve publia de 1988 à 1993, au Quotidien de Paris, à l’Idiot international, au Figaroscope, dans des revues de circonstances. Peu importent les supports : hussard sans autre cause que littéraire, Berthet est là comme il serait ailleurs, léger, profond, précis, amusant, dandy. Ce qu’il écrivait de Julien Green à propos de Suite anglaise, on peut le dire de lui : il «sait faire court et écrire juste. C’est le propre d’un excentrique». L’excentrique se pose sur le bord des branches, là où se préparent l’envol et la chute. Réponse, en 1989, à une enquête sur le rôle de l’écrivain : «Un écrivain n’a, bien sûr, aucune place dans la société – sinon que tout le monde, à un moment ou à un autre, voudrait en être un : ça ferait bien. Donc un écrivain occupe une place immense dans la société. On le lui fait payer assez cher, je crois. C.Q.F.D. […] Tout écrivain est un humoriste plongé, par surprise, en plein drame.»
Ses chroniques littéraires sont aus