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Histoire

L’Inde idéale des salons du XVIIe

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Tolérance religieuse, beauté des monuments et surtout place des femmes : à Versailles, le sous-continent est admiré comme un contre-exemple de la France de Louis XIV.
Le Taj Mahal en 1789 par Thomas Daniell. (Bridgeman Images)
publié le 7 novembre 2024 à 6h08

C’est au XVIIe siècle que l’Inde commence à imprégner la culture française. Elle est un horizon de lecture aussi bien pour la Princesse de Clèves de Madame de La Fayette, le Bourgeois gentilhomme de Molière que pour La Fontaine qui reconnaît en «Pilpay, sage indien» une source importante de ses Fables. Ce que montre de façon subtile Faith E. Beasley, professeure à l’université américaine de Dartmouth, c’est l’importance tenue par le public mondain, en particulier féminin, dans la réception de cette influence indienne. Les salons comme celui tenu par Marguerite de La Sablière sont alors un des rares lieux où se mélangent hommes et femmes pour «une discussion sérieuse du monde des idées».

Au XVIIe siècle, le sentiment de supériorité ressenti plus tard par les Européens face aux autres civilisations n’est pas encore de mise. Les récits écrits par les missionnaires ou les marchands soulignent ainsi les richesses de l’Inde et la profondeur de sa culture. Ses constructions comme le Taj Mahal (mi-XVIIe siècle, soit avant le château de Versailles), impressionnent. Un voyageur, François Bernier, tient une place essentielle dans cette découverte. Premier Européen à séjourner longuement en Inde (1656-1669) sans être ni marchand, ni missionnaire, mais par simple curiosité d’esprit, il sera pour longtemps une source majeure de notre connaissance du sous-continent. A son retour en France, Bernier fréquente le salon de La Sablière où il fait le récit de so