Ce récit reconstitue un événement par petites touches, mais selon un certain ordre, néanmoins. Il n’est pas chaotique, mais précis et calme. L’autrice, Linn Ullmann, 57 ans, tourne autour du pot avant d’expliquer ce qui s’est passé et d’en révéler le cœur, le pire. Le souvenir est brumeux, désagréable, honteux aussi. L’oubli l’a longtemps recouvert ; le drame passé sous silence a accouché d’une dépressivité presque constante, qui connaît des pics. Lorsqu’elle avait 16 ans, en 1983, la fille de l’actrice Liv Ullmann et du réalisateur Ingmar Bergman est venue seule, depuis New York où elle habitait avec sa mère, à Paris, afin de retrouver un photographe. Il l’avait remarquée quelque temps auparavant, à la manière dont il aurait jeté son dévolu sur une bête qu’il conduirait volontiers à l’abattoir pour en tirer une somme rondelette. A Paris, où cet homme de 45 ans avait prévu de la prendre en photo, elle a couché avec lui. Un instant, elle l’a désiré, tout de suite après elle a pleuré et lui, exaspéré, l’a traitée de «pleurnicheuse».
La sororité entre en jeu
Dans le texte, Linn Ullmann appelle ce type A. L’ambiance dans laquelle se déroule cette petite catastrophe et ce qui l’entoure rappellent, outre ce qu’a dit récemment Judith Godrèche, les émissions de Thierry Ardisson. A Paris, un soir où l’autrice sort en boî