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Libération
Critique

«L’Invention d’une frontière», une histoire de part et d’autre

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L’ouvrage de Benoît Vaillot arpente la ligne de démarcation entre la France et l’Allemagne, créée en 1871 et supprimée en 1914, et documente finement les différences de sensibilités ou de pratiques de chaque côté.
Le bétail aussi passe la frontière, ici sur le col de la Schlucht dans les Vosges, au début du XXe siècle. (Coll Dupondt. AKG Images)
publié le 23 novembre 2023 à 7h03

Trop souvent torturée par des éditorialistes de plateaux télé, la frontière est un concept tragiquement d’actualité, en Ukraine, en Cisjordanie, en république démocratique du Congo… Alors quand un scientifique l’aborde sur 500 pages, on prend la chose comme elle doit être prise, une manière de saisir l’histoire mais aussi des informations qui se fracassent sur le quotidien. L’ouvrage de Benoît Vaillot l’Invention d’une frontière. Entre France et Allemagne, 1871-1914 a un double intérêt. Il documente finement un moment charnière de l’Alsace, de la Lorraine, des Vosges, des territoires qui les jouxtent, de la France aussi ; mais il interroge également l’idée de frontière, accaparant une notion le plus souvent traitée par le prisme géopolitique. «La frontière étudiée est la plus contrôlée, la plus surveillée et la plus espionnée au monde à l’époque qui nous intéresse», résume l’historien.

Une frontière doit d’abord être tracée. L’auteur s’attache à documenter le dessin, à narrer comment l’irruption de cette séparation est appréhendée par les deux administrations jusqu’au début de la Première Guerre mondial