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Lisa McInerney et son bandit barde

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Le cahier Livres de Libédossier
Dans «les Lois de la révélation» Ryan Cusack le dealer est de retour à Cork.
Cork reste le décor indépassable des «Lois de la révélation», une ville scindée entre classes sociales, trouée de rancœurs, sorte de bouillon de culture du pays tout entier. (Slongy/Getty Images/iStockphoto)
publié le 3 mai 2024 à 11h46

«Peut-être le bordel que tu mets manque à Cork», dit Karine à son ex-petit ami et père de son fils de deux ans et demi. A presque 24 ans, Ryan Cusack revient en Irlande pour enregistrer un album avec Lord Urchin, son groupe. «Il avait les cheveux noirs, les yeux marron, des piercings aux tragus, cinq frères et sœurs, trois plombages, deux passeports et une défunte mère.» L’ancien dealer italo-irlandais qui a ricoché pendant deux ans d’un endroit du monde à l’autre – jusqu’à Séoul –pour se faire oublier, risque les embrouilles. Même son père Tony, violent et alcoolique, s’en inquiète auprès de Karine. «Je ne crois pas que ce soit bien qu’il rentre ici.» Comme un berger son troupeau, les Lois de la révélation, après Hérésies glorieuses (Joëlle Losfeld, 2017) et Miracles du sang (Joëlle Losfeld, 2018), rassemble les personnages qui ont traversé les romans précédents, dans la Cork des trafiquants de drogue, des travailleuses du sexe et de la misère sociale, pour les mener vers un dénouement qui ne se laissera pas faire sans douleur.

Ce sont essentiellement des femmes de son ancienne vie, à Ryan Cusack, qui mènent le tempo. Georgie, ex-prostituée qui vit à Londres depuis quatre ans, est aussi de retour, mais pour se venger : chargé de la liquider quatre ans auparavant, il l’avait flanquée dans un vol à destination de l’Angleterre. Comment ce dealer et pas du menu fretin, «un putain de vainqueur», avait-il pu devenir une rock star ?