On lit Paradoxe sur le comédien au lycée et on s’enthousiasme pour sa radicalité. Dans ce dialogue entre deux interlocuteurs appelés «Le Premier» et «Le Second», Diderot défend l’idée selon laquelle, pour jouer correctement au théâtre, le comédien doit se détacher du rôle, rester indifférent à la peine de l’homme triste qu’il incarne sur scène. Par la même occasion, toujours en classe, à 15 ou 16 ans, on réfléchit à la figure de l’archétype : un tartuffe, un avare et un misanthrope sont-ils les mêmes que le Tartuffe, l’Avare ou le Misanthrope ? Diderot répond non : «Les comédies de verve et même de caractère sont exagérées. La plaisanterie de société est une mousse légère qui s’évapore sur la scène ; la plaisanterie de théâtre est une arme tranchante qui blesserait dans la société. On n’a pas pour des êtres imaginaires le ménagement qu’on doit à des êtres réels. La satire est d’un tartuffe, et la comédie est du Tartuffe.» Ce texte que le philosophe des Lumières a commencé à écrire en 1769 et qui fut publié en 1830 est réédité ces jours-ci en Folio, avec un appareil critique très riche, composé par Laurence Marie. Française, elle enseigne l’histoire des émotions à Columbia, à New York. Au moment où Diderot, lui-même dramaturge, réfléchit au jeu de comédien, un consensus existe sur la nécessité de la sensibilité de l’acteur. En 1758, Jean-Jacques Rousseau, dramaturge aussi, écrit la Lettre à d’Alembert sur les spectacles. Il y condamne le théâtre et le jeu
Théâtre
Livre de témoignages : «les Paradoxes du comédien», entre le rôle et le réel
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Le cahier Livres de Libédossier
Eric Ruf et Loïc Corbery dans «le Misanthrope», à la Comédie-Française, en 2014. (Pascal Victor/ArtComPress. Opale)
publié le 21 mars 2024 à 2h22
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