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«L’Occasion» de Juan José Saer, jaloux y es tu ?

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Le cahier Livres de Libédossier
La pensée est le personnage central du roman, qui passe fugitivement par Paris où le héros subit une humiliation telle qu’il part s’installer dans la pampa.
Juan José Saer, en 1987, à Paris. (Ulf Andersen/Getty Images)
publié le 16 février 2024 à 15h47

Les jurés étant ce qu’ils sont, Juan José Saer, à l’instar de son compatriote Jorge Luis Borges, n’a jamais obtenu le Nobel. Si bien que le Tripode, republiant les œuvres de l’Argentin né en 1937 et mort en 2005, en appelle au prix Nadal, «le plus prestigieux des prix hispanophones», qu’a reçu en 1987 l’Occasion, puisque c’est ce roman qui reparaît. L’œuvre de Saer a une envergure et une universalité qui auraient pu lui valoir le plus prestigieux des prix suédois mais il faut croire que ses qualités mêmes l’éloignaient d’une telle récompense, comme si sa manière – à la fois précise et distanciée, structurelle et humoristique – d’aborder l’histoire, la politique, la folie et, d’une façon générale, la pensée devait le tenir à l’écart. La pensée est le personnage central de l’Occasion, qui passe fugitivement par Paris où le héros, celui qui est nommé dorénavant Bianco quoiqu’il soit roux et fût auparavant dénommé Burton, subit vers 1860 de la part de la «camarilla positiviste» une humiliation telle qu’il part s’installer dans la pampa, convaincu de la supériorité de l’esprit sur la matière, de la qualité de son sens pratique et par quelques idées définitives sur l’argent. «La seule façon de devenir véritablement riche, sans problèmes, dans ce pays-ci ou dans un autre, c’est d’avoir les pauvres av