Menu
Libération
Mémoires

Lorenza Mazzetti, débuts anglais d’une effrontée

Article réservé aux abonnés
Le cahier Livres de Libédossier
Traduction du «Carnet de Londres» de la réalisatrice.
Lorenza Mazzetti à Londres. (Eva Krampen Kosloski)
publié le 14 février 2025 à 14h24

Bien incapable de transporter le moindre sac de pommes de terre et de soulever le fumier à la fourche, Lorenza Mazzetti est virée. Elle s’était inscrite à un voyage organisé par son université, à Florence. Les étudiants étaient envoyés dans une ferme anglaise moyennant salaire. La voici avec sa valise, à Londres. Elle attend de l’argent. Un mois, deux mois, l’argent n’arrivera jamais. Celui qui gère les biens familiaux – sa sœur jumelle et elle sont orphelines – a «tout vendu», tout perdu, il a fait faillite. Elle a 23 ans. Nous sommes au début des années 50.

«Quelle malédiction fait que les filles ne peuvent pas se promener sans être persécutées par des bellâtres ?» Une agression sexuelle dans la rue, des mains entreprenantes au cinéma : les premières impressions du Carnet de Londres sont rudes, mais racontées avec un humour navré qui rappelle le ton de Tove Ditlevsen dans sa trilogie. Dans la pension où loge Mazzetti, ce n’est pas comme en Italie, chacun reste dans sa chambre. Dans la sienne, elle écrit, dessine. Faute d’avoir payé son loyer elle retrouve ses affaires sur le trottoir. Passe un gentil Japonais qui l’emmène chez lui. D’autres personnes seront aussi gentilles mais plus désintéressées.

«P.S. Ne portez pas le deuil»

Femme de chambre, ça ne lui réussit pas. S’il s’agit d’une famille «cultivée et aimable», c’est pire que t