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Roman

«L’Origine des larmes» de Jean-Paul Dubois : eau, rage et désespoir

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Un héros accusé de parricide post-mortem dans le nouveau roman du prix Goncourt 2019.
Jean-Paul Dubois à Paris, le 19 mars 2024. (Patrice Normand/ L'Olivier)
publié le 30 mars 2024 à 14h19

La haine va de pair avec l’amour, dit la psychanalyse. Elle est son miroir inversé. Paul Sorensen, 51 ans, hait son père mais sa détestation est vierge d’amour. La psychanalyse explique également que la haine est tout sauf de l’indifférence et que c’est déjà cela, un intérêt bon à prendre, même s’il part d’un mauvais sentiment. C’est vrai, Paul Sorensen est obsessionnel, tout sauf indifférent. L’objet de sa colère ne quitte pas ses pensées. Cinq ans après le beau roman qui lui a valu le prix Goncourt, Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon (L’Olivier, 2019), Jean-Paul Dubois publie un réquisitoire contre un géniteur odieux.

Sa vie, celle de son père et celle de sa mère, Paul Sorensen les raconte à un psychiatre chez lequel il est envoyé par la justice. Car après avoir identifié son père à la morgue, Paul a profité du fait qu’il était seul face au cadavre pour lui tirer des balles dans le crâne. Accusé de parricide post-mortem, Paul est condamné à une obligation de soins. Elle consiste à se rendre chez ce psychiatre désigné par le tribunal et à répondre à ses questions. Le médecin, qui porte le nom de Guzman, est atteint d’une maladie chronique à cause de laquelle il pleure constamment. L’eau est omniprésente dans l’Origine des larmes : l’histoire se déroule en 2031 alors qu’une «aberration météorologique» s’est aba