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«Le frère d’Angela, indolent, joueur, légèrement encanaillé, avait besoin de cent mille francs.» Une phrase suffit à Loustal pour développer une histoire en une page. Il campe des personnages souvent en noir et blanc. Les regards se croisent, les attitudes sont un peu méfiantes, tout est en place pour le drame. Le lecteur n’a plus qu’à envisager la suite de la fiction, la conclusion.

Loustal a déniché ces courtes légendes dans de vieilles revues de cinéma comme Mon Film ou le Film complet qu’il collectionne pieusement. Il dessine alors des femmes fatales qui se laissent aimer par de beaux gosses en costume croisé. Elles s’appellent Lola, Barbara, Mylène ou la Comtesse. Ils se prénomment Walter ou Rodrigo. Il y a aussi des ingénues et même une danseuse de cirque. Une galerie de portraits sortis de films polars des années 50, tantôt chez Jean-Pierre Melville, tantôt chez Jules Dassin, comme le confirme la préface de Tonino Benacquista. On tourne lentement les pages pour ne pas précipiter le plaisir. Ce soir, Loustal nous emmène sur une plage de cocotiers où des filles dansent à moitié nues. Demain, nous monterons sur un yacht avec Muriel qui ne se méfie pas suffisamment, avant de rejoindre un bar à marins où «Mylène, la chanteuse réaliste, avait une présence obsédante». Ciné Roman est un album qui se déguste, suggestif et soigneusement imprimé.